Ecureuil sautillant ?

Ecrit le 3 mai 2019

La sachémisation, ou totémisation, est une tradition scoute importée des usages amérindiens dès la fondation du scoutisme en Angleterre et implantée très tôt en France par les Éclaireurs de France. Des coutumes analogues se répandaient en même temps dans les mouvements scouts du reste de l'Europe.

Il s’agit de qualifier son titulaire d’un nom d’animal suivi d’un adjectif, ce nom et cet adjectif devant représenter les qualités morales et/ou physiques du totémisé. Dans certains groupes scouts, le totem peut être plus long que simplement un nom d’animal et un adjectif, et comprendre également une proposition relative sur les qualités et/ou défauts du totémisé. Exemple Cerf Clairvoyant de la Nuit d'Automne. Le qualificatif peut être supprimé, le totem ne comprend alors que le nom d’animal mais cela est exceptionnel. Il peut aussi être dédoublé, le second terme corrigeant alors la rudesse du premier, comme Caffra Arrogant et Décidé. Dans la tradition scoute originaire, ce totem est acquis à la suite d'une épreuve initiatique. Le nom de l’animal devient alors une partie officielle connue de tous, l’usage du qualificatif etc étant réservé aux autres « totémisés ».

Le totem de l’abbé Pierre, par exemple, était Castor Méditatif.
Mais à qui (Brel, Chirac, Hergé, Jospin, Rocard) sont attribués les totems suivants : Phoque hilarant,  Bison égocentrique, Renard curieux, Langue agile, Hamster érudit...?
Le père de mon copain scout s'appelait Otarie pédalante : excellent nageur de compétition, il faisant plus de 50 km en vélo chaque week-end pour rejoindre sa fiancée.

Et moi je m'appelais Écureuil sautillant.
Écureuil : j'appartenais à la patrouille des écureuils, mais c'est surtout parce j'aimais grimper au sommet des arbres pour installer des postes de guet.... au cas où !
Et sautillant, parce que j'étais toujours en recherche d'activité, ce qui fatiguait mon entourage (et qui le fatigue encore).

La vraie vérité c'est que je n'ai jamais subi le rite initiatique de la totemisation comme les anciens. La tradition était toujours vivace, mais les épreuves n'étaient plus vraiment organisées. Nous parlions beaucoup de totems dans les veillées et nous essayions de trouver pour chaque scout, les noms les plus représentatifs. C'est ainsi que dans les derniers mois où j'ai pratiqué le scoutisme - avant d'opter pour les surboums - j'ai été proclamé au sein de la troupe : Écureuil sautillant !

Le scoutisme a beaucoup compté dans ma vie et je n'ai jamais oublié ce nom de totem. J'ai appris à faire du feu (sous la pluie), à construire des cabanes, des ponts, à lire des cartes, à descendre en rappel... à faire des nœuds,  à nager, à me faire peur ... 
J'ai eu aussi la chance de n'avoir jamais eu le moindre doute sur la moralité de nos jeunes aumôniers, jamais ... des jeunes prêtres qui quelques années plus tard étaient tous les trois, mariés... Déjà à l'époque...

A cette époque j'ai beaucoup lu les grands classiques scouts : Étape (un livre retrouvé il y a quelques années sur Le Bon Coin), les livres de Jean-Louis Foncine et de Serge Dallens dans la collection Signes de Piste. En particulier, la saga du Prince Éric et de ses compagnons : Christian, Philippe, Rémi, Luc, Nils....  J'y ai trouvé les prénoms de deux de mes fils... et plus encore.

Une saga qui finissait mal.

Des années après, longtemps, longtemps après, en ce 3 mai 2019 encore par exemple, j'ai toujours le souvenir de ce "Pays perdu" au confins du Jura, du côté de Malans (Haute-Saône), de la Forêt de Chaux, du Relais de la Chance au Roy, du maquis de Saligney. 
Je n'y suis jamais allé,  mais peut-être irai-je un jour. 
Avec mes fils cela ne sera jamais possible je crois, mais peut-être avec un de mes petits fils ? Peut-être. 
 








   

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